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    Lundi 18 décembre 2017 Médiathèque Jean Ferrat Argelès 18:00

    ATELIER PHILO Par J. Arlettaz

    Croyance et Connaissance

     

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    La Connaissance fait-elle reculer la croyance? 18/12/17  

     

    Information, connaissance et savoir sont trois mots de la langue courante qui s'emploient de façon synonymique: il faudra donc les expliquer.

    Quant à la croyance, elle est l’activité de penser qui se porte sur les objets dont la connaissance est impossible. Elle est cette certitude sans preuve et aussi le résultat de cette activité.

    Qu'est-elle exactement? Une rébellion individuelle, ou au contraire un ralliement à un groupe, à une secte? Un réconfort ou une aberration?

    Alors que nous pensions, depuis le siècle dit “des Lumières”, aller vers plus de clarté, plus de maîtrise sur le monde et sur nous-mêmes, nous voyons que la croyance a marché près de nous au même pas que la connaissance, et que l'obscurité nous accompagne toujours, avec son cortège de rage et de sang.

     

     La croyance n'est jamais universelle, elle fait jouer en même temps l'identification et la différenciation (on croit avec certains autres pour ne pas croire avec tous les autres).

    Ainsi même les croyances les plus idiotes ou absurdes d'apparence ont des raisons profondes qui expliquent leur résistance à la rationalité techno-scientifique. Quand on dit que l'homme est un être pensant, il ne faut pas se représenter cette pensée comme prioritairement logique ou rationnelle. Les superstitions, les rumeurs, les préjugés sont des pensées qu'on pourrait au nom de la raison déclarer absurdes. Or tout ce qui existe a une raison d'être, donc ce qui est sans raison ... a une raison.

     

    Avant d'avoir des croyances, on est croyant. C'est la raison pour laquelle les croyances sont véritablement le signe de notre identité et les êtres humains tiennent plus à leurs croyances qu'à leurs connaissances comme si ces dernières ne leur appartenaient pas vraiment... D'ailleurs on n'a jamais vu quelqu'un oublier ses croyances alors qu'oublier ses connaissances est habituel.

    N'accepter de croire qu'après avoir vu ( St Thomas d'Aquin) c'est réclamer des preuves, une démonstration, donc un savoir. Or l'essence même de la croyance est de faire confiance sans preuves. Celui qui ne croit que ce qu'il voit, ne veut pas croire: il veut savoir, dira A.Jacquard.

     

    Les grecs ont été nuls en sciences physiques et merveilleux en philosophie art et maths. Chaque fois qu'il se produisait quelque chose il y avait un dieu quelque part. Quand on explique les choses par l'intervention divine, on a une explication pour tout et on ne cherche plus. C'est une démission de l'esprit humain.

     

     « J'ai du supprimer le savoir pour lui substituer la croyance. Le savoir a un degré inférieur de la foi ou ne pas pouvoir démontrer rationnellement Dieu » nous annonce Kant. Un dieu a envoyé son propre fils au milieu des hommes pour qu'ils le crucifient : c'est un défi à l'intelligence humaine. Mais c'est justement une raison de croire, puisque ce qui est absurde à l'homme n'a de sens qu'en Dieu.

     

    Une des principales raisons de la croyance est qu'elle nous donne des raisons de vivre, de vivre avec...car il n'y a pas de croyance personnelle: croire n'est ce pas s'en remettre à quelque chose ou à quelqu'un d'autre que soi pour juger?

     

    Enfin, la connaissance fait-elle reculer la croyance?.... J'imagine «le cercle des philosophes disparus» d'où s'élèverait une voix: celle du malicieux Jean d'Ormesson, (agrégé de philosophie) qui nous ferait une dernière recommandation, inspirée par Socrate ou par son chargé de communication Platon:«N'est-il pas plus sage de savoir que l'on croit... plutôt que croire que l'on sait?

     

     

     

    J.A