• 18 janvier

    Lundi 18 janvier 18 heures Médiathèque

     

    ATELIER PHILO

    Compte rendu de l’atelier philo :

    « la fraternité à l’épreuve de la modernité ».

    Une quarantaine d’interventions.

     

    Quelle définition donner de la fraternité ? La mère de la fraternité, c’est la vie des humains ; son père, le raisonnement.

     Les valeurs ne sont pas universelles. Elles sont différentes selon les groupes. Fraternité serait alors le regroupement de personnes qui partagent les mêmes valeurs. Dans les religions catholique et musulmane les croyants s’appellent frères.

     Alors que la solidarité est cadrée, structurée, codifiée, la fraternité apparaît comme un don de soi ; elle est une reconnaissance de l’un et de l’autre. La fraternité est plus comportementale : les frères ont des points communs, les frères se reconnaissent mutuellement.

     La fraternité peut-elle être discutée en philosophie ? Si la philosophie a pour but d’agir, de faire évoluer la pensée, la fraternité en tant que sublimation des rapports qu’on a avec autrui, est-ce un sujet de philosophie ?

     Etymologiquement le terme frère ne suppose pas de référence au lien familial ; alors que germain vient de la graine, terme que l’on retrouve dans « cousin germain ». Dans le cas d’Abel et Caïn, est-il raisonnable d’être frères ? Sénèque pense qu’il y a une bienveillance instinctive et naturelle liée à la ressemblance.

     La fraternité n’a pas de règles. Elle peut amener à beaucoup de conflits. Les frères se font la guère parfois.

     L’adjectif fraternel ouvre une réflexion sur ce qui se ressemble et ce qui est différent. Homme > le même > homo > qui est à la fois ressemblant et différent, individuel.

    Dans le triptyque Liberté-Egalité-Fraternité, il y a une dimension descriptive et une dimension prescriptive, à savoir une invitation voire même une injonction.

     La fraternité diminue les différences mais elle en préserve l’essentiel.

    Dans le triptyque, la fraternité est-elle nécessaire ? Est-elle le ciment des deux premières ?

     Liberté et Egalité sont les valeurs issues de la Révolution. Pourquoi la troisième a-t-elle été rajoutée ? Alors que les deux premières revêtent des caractéristiques individuelles, la fraternité met en œuvre un pluriel, un minimum de deux. 

     La fraternité est un lien réducteur par rapport à l’amitié.

     Pourquoi être fraternel ? Dans quel but ? Pour vivre ensemble. Pour comprendre l’autre dans ce qu’il est. Avec l’essor des sciences humaines, alliées dans la compréhension d’autrui, la fraternité a de l’avenir.

     La fraternité n’engage pas au moins deux personnes. Elle est purement personnelle. Selon Levinas : si le visage de l’autre est essentiel dans mon rapport c’est parce qu’il me renvoie à moi-même.

    La fraternité ne peut pas se décréter. C’est toujours un rapport de moi avec moi.

    Le troisième terme du triptyque est né à partir de la notion de patrie, qui renvoie au pater patriotique.

     La fraternité c’est l’abnégation. C’est faire abstraction de soi-même. C’est regarder l’autre tel qu’il est.

     L’éducation se décrète ; les adultes apprennent aux enfants à accepter les autres tels qu’ils sont.

     La tolérance suppose d’accepter au sein d’un même groupe ou d’accepter à l’extérieur du groupe.

     La tolérance appelle à la pacification avec soi-même.

     L’amitié est un terme de sociologie. Il est plus sur le registre affectif que celui de fraternité.

    -          La fraternité n’a ni naissance ni extinction.

    -          La mère patrie a engendré la Fraternité.

    -          Le concept de fraternité n’existe pas en philosophie.

    -          Quelle dose de communauté reste-t-il dans nos sociétés démocratiques ?

    On ne naît pas frères, on le devient.

    Peut-on devenir frère quand on n’a pas d’ennemis ?

     La fraternité apparaît comme un moyen d’accepter que l’autre soit différent de soi.

     La fraternité est un travail continu. Elle ne signifie pas forcément aimer autrui : on ne peut pas aimer tout le monde. Cela n’implique pas non plus de détester tous les autres.

     Sans adversité la fraternité ne se manifeste pas.

     La première adversité c’est la nature elle-même. L’éducation peut nous aider à une socialisation. La fraternité doit tendre vers l’universalité plutôt que de se cantonner au communautarisme ; elle doit tendre vers l’amour du prochain plutôt que vers des fraternités sélectives.

     La fraternité se décrète. C’est sculpté, inscrit dans le marbre, sur le fronton de mairies. C’est un modèle d’organisation proposé.

     Le bénévolat est une action fraternelle, solidaire sans adversité.

     La différence entre solidarité et fraternité est que cette dernière suppose la réciprocité dans le partage.

    Par rapport à l’égalité, peut-on être frères s’il n’y a pas d’égalité ? Peut-on être frères entre différentes castes en Inde ?

    Avec la disparition de la fraternité, l’intérêt commun a-t-il encore sa place ?

    La sécurité sociale est un exemple de solidarité et non de fraternité. La solidarité ne se soucie ni de la justice, ni de la justesse ; comme elle a supplanté la fraternité, la démocratie se retrouve mise en péril.

    La fraternité abolit les groupes. Elle est universelle. Nous sommes des êtres sociaux.

     C’est la somme des individus qui fait la société. Sans opposer solidarité et fraternité,  distinguons-les : la première est plus efficace, plus concrète ; alors que la deuxième est plus morale.

     Il y a un lien entre solidarité et fraternité. J’existe dans une structure sociale et j’en respecte les principes.

     On se pose des questions pour essayer d’avoir des réponses ; d’où l’intérêt du questionnement sur le langage. Quelles sont les pratiques sociales à l’intérieur d’un SEL (service d’échange local) et comment le réformer ?

     La démocratie est une notion plutôt politique alors que la fraternité est une notion plutôt humaniste.

     Il est intéressant de différencier fraternité et solidarité pour mieux les marier.

    Dans la terminologie de la sphère privée et religieuse, c’est le terme de charité plus que celui de fraternité qui apparaît. La charité est fondée sur le salut et l’au-delà.

    L’altruisme est un don de soi. Il suppose la présence d’autrui.

     Dans la devise de la France, les trois termes sont idéalisés. Aucune des trois valeurs n’est totale. La fraternité, ce n’est pas une question d’amour ; il s’agit d’accepter l’autre tel qu’il est. La fraternité n’a pas de complément, elle est comme un chiffre premier ; alors que l’on trouve la « liberté d’expression » ou « l’égalité des chances ».

     La fraternité c’est comme la fiscalité ; c’est un partage avec une contrepartie précise.

     Il est difficile de concevoir la fraternité sans l’égalité. La fraternité implique la reconnaissance de l’humain, le respect de l’humanité chez l’autre ; elle est très distincte de la solidarité qui suppose une loi qui nous impose de l’être de façon autoritaire.

     Rappel d’un atelier antérieur sur les rapports entre fraternité, solidarité et générosité.

     Comment tenir ensemble les trois notions de la devise républicaine ?

    Trop de liberté et le libéralisme met à mort l’égalité.

    Trop d’égalité tue la liberté.

    Trop de fraternité réduit la marge de manœuvre de la liberté.

    Ni le libéralisme, ni l’individualisme, ni l’égalitarisme.

    Dans La Condition humaine de Malraux, la fraternité est d’autant plus forte qu’elle prend en compte la solitude existentielle de l’humain.

     Comme chacun est seul au monde, on veut se donner la main.

     Chez Levinas, la conscience de soi est la conscience de tout. On nait seul, mais on est par essence des êtres sociaux.

    Le triptyque pourrait être changé en Liberté-Egalité-Solidarité. En quoi la fraternité est-elle utile ?

     La fraternité met l’être humain en face de sa responsabilité.

     La pièce Huis-clos de Jean-Paul Sartre est la pièce la moins fraternelle qui soit.

     A quel groupe s’adresse ce mot ? Avec la République, nous sommes frères, dans une gestion commune.

     L’excès en tout est un défaut. Ce n’est pas le je, ni le tu mais le nous qui importe. Il peut y avoir des nous sans fraternité, mais il ne peut pas y avoir de fraternité sans nous. 

     La notion de modernité restera à penser.