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    Lundi 20 Février 2017 18:00 Médiathèque

     

     

    ATELIER PHILO

     

    Suite : texte lanceur

     

     

    La philosophie est-elle dangereuse pour les pouvoirs ?
     20/02/2017

     

    Quel que soit le pouvoir que l'on considère, qu'il soit clérical, politique, économique, institutionnel, on remarque une constante : le pouvoir fait de l'opinion l'instrument de son instauration et de sa force. Il ne peut que redouter la philosophie qui examine en raison la validité des opinions en dénonçant celles qui ne sont pas conformes à la vérité.

     

    La philosophie est une œuvre critique

    Kant est celui à qui l'on doit le terme de criticisme. Même si la critique telle que la conçoit Kant est avant tout une œuvre de connaissance, elle conduit à une remise en cause de certaines idées admises par les pouvoirs. Elle dénonce l'idéologie sur laquelle repose les pouvoirs.
    La philosophie s'oppose à l'opinion. En tant que quête du vrai et du juste, elle est nécessairement critique. En éclairant les hommes, elle les rend plus libres, donc moins dociles.

    La philosophie est œuvre de réflexion
    Il est très difficile d'imposer une quelconque idéologie à un être qui, grâce à la philosophie, est devenu un esprit libre et autonome.
    On peut considérer que la philosophie n'est pas dangereuse pour les pouvoirs
    Platon fut le premier à croire en une heureuse alliance entre le pouvoir politique et la philosophie (dans La République où il imagine une cité idéale gouvernée par les philosophes)
    Machiavel a écrit Le Prince qu'il dédia à Laurent de Médicis. Kant est plus mesuré : si le pouvoir ne peut appartenir au philosophe, il pense que tout gouvernement doit néanmoins profiter de ses lumières.

    La philosophie participe au maintien des pouvoirs.

    Ce sont les philosophes qui ont montré à quelles conditions un pouvoir se maintient mais en plus se renforce. Selon un des sages de l'Antiquité grecque la philosophie a aidé à réformer Athènes en luttant efficacement contre les injustices qui rongeaient la cité et corrompaient tous les pouvoirs.
    Les pouvoirs ont besoin de garde-fous Tout pouvoir cherche naturellement sa propre extension. C’est ce qui généralement provoque l'injustice et finalement sa ruine.

    En principe la philosophie n'est pas l'ennemie des pouvoirs

    Platon, Aristote, Machiavel, Bodin, Rousseau et bien d'autres encore ont cherché à concevoir une cité servie par une juste attribution des pouvoirs. Elle apprend aux hommes à penser par eux-mêmes et non plus à admettre sans discussion opinions, préjugés et croyances.

    La philo a-t-elle un objet propre ? Oui, l'Homme. Mais l'homme n'est pas un objet particulier...il est à lui seul une totalité dont la raison ne parvient pas à définir les limites. Quête sans fin parce que le réel ne s'épuise pas, tout comme la pensée de l'homme, n'a pas de limites.
    Les événements récents, le climat délétère qui règne dans cette période pré-électorale me poussent à préciser certaines choses : la philosophie occidentale prend naissance au V° siècle avant Jésus-Christ à Athènes, en Grèce. La philosophie est contemporaine de la démocratie. Dans ce nouveau contexte politique, le logos-terme polysémique que l'on peut traduire par parole, discours, raisonnement, étude...- va prendre une place prééminente. Il faut savoir argumenter face à l'assemblée du peuple pour faire admettre son point de vue : vont apparaître les spécialistes du logos, les sophistes, grands orateurs et professeurs d'art oratoire. Socrate invente la philosophie en réaction contre les techniques trompeuses des sophistes (un sophisme étant un raisonnement faux qui a l'apparence de la vérité). Il s'était aperçu qu'il pouvait les mettre en contradiction avec eux-mêmes. Ces sages étaient pris dans une illusion de savoir et ignoraient leur propre ignorance, alors que lui, Socrate savait qu'il ne savait rien : son ignorance étant une ignorance consciente d'elle-même, il pouvait se dire plus sage que ceux qui ignoraient leur ignorance. C'est pourquoi sa sagesse n'est pas la possession d'un savoir, mais seulement une recherche, un amour de la sagesse.
    A partir de cette découverte, Socrate n'a plus fait, durant sa vie, que discuter avec les sophistes, sur tous les sujets, pour leur révéler les limites de leur savoir.

     

    Puisse, l'être avisé, comme Socrate, faire la différence entre dialectique et rhétorique !

     

    J.A